I) L’art de convaincre
Défendre, ou rejeter un point de vue, en faisant appel à la raison du locuteur relève de l’art de convaincre.
1. La logique du raisonnement
Le thème
Le sujet d’un texte argumentatif, mis en évidence par le champ lexical s’appelle le Thème. Déterminer le thème,
c’est répondre à la question « De quoi s’agit-il dans le texte ? ».
La thèse
A l’intérieur du thème apparaît un débat, qui confronte deux positions, s’exprimant sous forme de thèse. On
appelle Thèse le point de vue général défendu par un argumentateur sur le problème posé.
On parlera de :
- Thèse soutenue ou défendue, c'est-à-dire de la thèse que défend la personne. Dans Le dernier jour d’un
condamné, Hugo défend l’abolition de la peine de mort
- Thèse réfutée ou rejetée, c'est-à-dire le point de vue contre lequel lutte la personne ; le point de vue qu’il
critique et rejette. Dans Le dernier jour d’un condamné, Hugo lutte contre la peine de mort.
Le parcours argumentatif ou la structure argumentative
Dans un texte on peut avoir plusieurs types de schéma :
- Il ne peut y avoir que sa propre thèse. La thèse à laquelle on s’oppose se déduit donc par opposition.
- Cependant, le locuteur, pour défendre sa thèse, doit souvent prendre position par rapport à une thèse adverse : il
y répond et s’efforce souvent de la réfuter point par point, c’est à dire de s’y opposer, de différentes manières :
. Soit il réfute les arguments de la thèse opposée en montrant qu'ils ne sont pas pertinents ou trop faibles. On
aura la thèse réfutée, puis la thèse défendue en second, ce qui permet de la mettre en valeur.
. Soit il joue la concession, qui consiste à donner raison puis à rejeter la thèse adverse avec plus de vigueur. Par
exemple Certes….. mais.
. Soit, comme c’est le cas dans la préface du Dernier jour d’un condamné, le locuteur rappelle progressivement
les arguments de l’adversaire et y répond point par point par des arguments opposés, afin de les réfuter, on
parlera dans ce cas particulier de contre arguments.
La structure argumentative d’un texte rend compte du passage d’une thèse à l’autre, mais aussi à l’intérieur de
chacune des thèses, du passage d’un argument à l’autre.
Dans les travaux d'écriture, une argumentation peut revêtir trois formes différentes :
- enrichir une thèse : amplifier, développer celle qui vous est présentée.
- réfuter une thèse : détruire une thèse par des raisons solides.
- discuter une thèse : confronter deux points de vue, soit pour les opposer, soit pour corriger l'un par l'autre (en
cherchant à nuancer une position trop tranchée).
Les arguments
Ils servent à soutenir une thèse, on parlera d’arguments pour, ou à réfuter une thèse, on parlera d’arguments
contre, ils font appel à la raison de l’interlocuteur. Ils sont par ailleurs, eux-mêmes soutenus par des exemples.
Les exemples
Abstraits, les arguments sont explicités par des exemples concrets, ils sont là pour illustrer l’argument et donc
pour le soutenir. Ces exemples facilitent la compréhension des idées en les confrontant à la réalité.
2. L’énonciation
- Les pronoms
. L’implication du locuteur dans l’argumentation
Le locuteur manifeste sa conviction par sa présence dans son discours. Il crée ainsi un lien avec le destinataire de
l’argumentation.
L’émetteur s’implique dans l’énoncé au moyen de la 1ère personne du singulier, « je », « me », « moi »…
Cette présence plus ou moins forte traduit une volonté tactique de convaincre.
La 1ère personne du pluriel, « nous », inclut en plus le destinataire du discours, l’auteur l’inclut ainsi dans
son propre point de vue.
L’absence d’indices personnels. Lorsque l’émetteur veut donner l’impression d’être impartial, il évite de
s’impliquer dans l’argumentation en effaçant du discours les marques de l’énonciation.
. L’appel au destinataire
Le locuteur peut vouloir établir une relation étroite avec le destinataire, pour l’amener à partager sa conviction.
L’utilisation de la 2ème personne, l’émetteur emploie la 2ème personne, « tu », « vous », « vos » pour que le
destinataire ait le sentiment d’être directement concerné.
L’utilisation du pronom « on ». Le pronom « on » désigne » parfois les partisans de la thèse adverse : dans
ce cas, le pronom « on » s’oppose aux pronoms de la 1ère personne. C’est le cas dans notre extrait « reprend-on ».
Mais le « on » peut aussi inclure le destinataire, renvoyer à une communauté ou à un « on » universel. « On n’est
jamais si heureux ni si malheureux qu’on imagine ? »
Le degré d’implication du locuteur
Modalisateurs :
l'auteur peut exprimer un
soutien gradué de son énoncé
. des verbes d'opinion : affirmer, soutenir, douter, prôner, suggérer...
. Les auxiliaires de mode : devoir, savoir
. des adverbes : évidemment, sans doute, peut-être, assurément...
. des périphrases : il est certain que, il est possible que...
. des prétéritions : est-il utile de rappeler que, je ne m'étendrai pas sur...
. le conditionnel, mode essentiel du doute opposé au futur qui marque la
certitude.
. les guillemets, qui isolent et mettent en doute le discours de l'adversaire
. les question rhétoriques (suggèrent la réponse : "n'est-il pas vrai que...?")
. les formes sentencieuses (maximes, sentences, vérités générales).
Les évaluatifs :
l'auteur peut faire part de ses
jugements sur un énoncé
qu'il évalue
. les noms ou adjectifs mélioratifs ou péjoratifs
. Les verbes de jugement
. les connotations attachées à certains mots, à certaines sonorités
. les antiphrases portent sur ce qui est dit un jugement dont d'autres indices
signalent la fausseté.
II) L’art de persuader, l’éloquence
Lorsque le locuteur fait appel à l’imagination à l’émotion du destinataire, cela relève de l’art de persuader. On
peut persuader en faisant preuve d’éloquence
1. Les registres
Les registres polémique, pathétique.
Cf. Fiche pour chaque registre
2. Divers
En dehors de ces deux registres, les marques de l’éloquence en général peuvent être :
- les questions rhétoriques et plus généralement la variété des types de phrases.
- l’emploi des figures de style (comparaison, métaphores, antithèses, cette figure de style consiste à opposer
fortement deux mots ou deux idées, hyperboles, l’anaphore : Figure de style définie par la reprise du ou des
mêmes mots en ouverture de plusieurs propositions vers ou paragraphes.
…)
- le travail sur le rythme (ex. parallélisme ou rythme ternaire)